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Pétrole : l'élection de Donald Trump pousse l'Opep+ à continuer à ouvrir les vannes, malgré un baril à 60 dollars
information fournie par Boursorama avec Media Services 26/05/2025 à 12:33

Les membres du cartel pourraient drastiquement augmenter leur production en juillet, risquant de plomber davantage encore des prix au plus bas depuis la sortie de la pandémie de Covid-19.

Une plateforme pétrolière. (illustration) ( AFP / MARCEL MOCHET )

Une plateforme pétrolière. (illustration) ( AFP / MARCEL MOCHET )

L'Opep+ devrait continuer cette semaine à augmenter son offre de pétrole, incitée par l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, et alors même que le baril a atteint les 60 dollars.

Ce scénario, encore improbable il y a quelques semaines, s'explique aussi par la volonté de l'Arabie saoudite, pilier du cartel, de faire pression sur les membres tricheurs ne respectant pas les quotas.

Deux rendez-vous attendent le groupe : les 22 pays se réunissent mercredi virtuellement pour discuter de leur stratégie commune, puis dimanche se retrouvent ceux qui, parmi eux, ont procédé aux coupes les plus importantes ces dernières années pour tenter de doper les cours. "Le plus intéressant" concerne justement l'annonce attendue le 1er juin concernant la production de ces huit pays pour le mois de juillet, plutôt que la rencontre des ministres de mercredi qui n'est "pas un événement majeur", commente pour l' AFP Giovanni Staunovo, analyste d'UBS.

Avec à la clé, une possible nouvelle augmentation à hauteur de 411.000 barils par jour , contre 137.000 initialement prévus, pronostiquent les analystes. De quoi plomber davantage encore des prix au plus bas depuis la sortie de la pandémie de Covid-19.

Début avril, Ryad, Moscou et les six autres membres ayant réduit leur production de 2,2 millions de barils par jour ont décidé d' accélérer le rythme de réintroduction sur le marché de ces volumes . Bien loin de la stratégie prudente annoncée en début d'année. Un revirement étonnant car il va à l'encontre de la politique de raréfaction de l'offre que menait l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) depuis fin 2022, afin de lutter contre l'érosion des prix, en gardant une importante capacité inexploitée de production.

Revirement de stratégie

Officiellement, le groupe justifie son changement de cap par des "fondamentaux de marché sains comme en témoignent les faibles réserves de pétrole" à travers le monde, mais cette explication est accueillie avec scepticisme par les observateurs au vu des inquiétudes sur la demande dans un contexte de guerre commerciale lancée par le président américain.

En ouvrant les vannes, l'Arabie saoudite, qui est le pays dont la voix compte le plus au sein du cartel, mettrait en fait la pression sur les membres dépassant leurs objectifs de production, en faisant fondre les profits.

Car derrière la transgression des quotas, il y a "des personnes qui ont fait des investissements et veulent les monétiser", rappelle à l' AFP Lawrence Haar, professeur à l'université de Brighton. Pour le Kazakhstan, principal contrevenant du groupe, "l'augmentation de la production récente est liée au projet Tengiz" , dont le premier opérateur est le groupe américain Chevron, précise Francis Perrin, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

D'autres, comme l'Irak ou les Émirats arabes unis, ont aussi augmenté leurs capacités, mais Astana est particulièrement visé par Ryad , car malgré de nombreux rappels à l'ordre et l'injonction de compenser sa surproduction, le pays continue d'enfreindre les limites imposées. Dans ces conditions, "l'Arabie saoudite ne peut pas revenir sur ses menaces de punir les tricheurs sans perdre sa crédibilité, ce qui ne lui laisse pas le choix" que de continuer sur la lancée actuelle, jugent les analystes de DNB Carnegie.

Pressions de Donald Trump

Au-delà de ces dissensions internes, "il est absolument impossible d'interpréter le changement de position de ces huit membres de l'Opep+ sans se référer aux pressions de Donald Trump" fin janvier, selon Francis Perrin. Le milliardaire, qui compte faire chuter les prix pour lutter contre l'inflation, avait alors déclaré qu'il allait "demander à l'Arabie saoudite et à l'Opep de baisser le coût du pétrole".

Durant sa récente tournée diplomatique dans les pays du Golfe, "rien de tout cela n'a été mentionné", souligne Carole Nakhle, économiste au Surrey Energy Economics Centre, suggérant qu'il est "satisfait des actions prises par l'Opep+".

Pour ces raisons, et aussi pour gagner des parts de marché dans un contexte pétrolier tributaire des évolutions géopolitiques, comme l'issue des discussions sur le nucléaire iranien entre Téhéran et Washington, l'Opep+ pourrait de nouveau accélérer sa production.

Néanmoins, "l'économie saoudienne dépend entièrement de la rente pétrolière" , rappelle Carole Nakhle, et des prix trop bas seraient notamment un problème pour le financement de son programme de réformes Vision 2030.

6 commentaires

  • 26 mai 15:02

    Les acteurs petroliers russes et saoudiens sont solides ... pas tous les acteurs privés US ... en plus le petrole de schiste demande sans cesse de nouveaux forages ... Dés la deuxieme année un puits de petrole de schiste voit sa production chuter de la moitié ... faut sans cesse forer et injecter des produits chimiques pour fracturer les roches ..


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